La vérité, c’est que beaucoup de personnes se posent cette question… en silence. Et ce silence, justement, nourrit la gêne, voire la honte. On vous a peut-être appris que c’était « mal » ou « sale ». Pourtant, la masturbation est une pratique intime, naturelle et profondément humaine. Alors, pourquoi continue-t-elle à déranger autant ?
La masturbation : une pratique bien plus courante qu’on ne le pense
Non, vous n’êtes pas seul·e !
Se masturber, c’est comme manger du chocolat en cachette : beaucoup le font, peu en parlent. Pourtant, c’est une réalité intime partagée par la majorité d’entre nous.
Des études sérieuses le confirment d’ailleurs volontiers :
- 91 % des hommes et 78 % des femmes ont déjà pratiqué la masturbation selon une étude Ifop réalisée en France (2022) sur la sexualité des Français·es1.
- 68 % des femmes âgées de 18 à 34 ans déclarent se masturber régulièrement (au moins une fois par mois), contre 21 % chez les plus de 65 ans.
- Même en couple, plus d’une personne sur deux continue à se masturber, souvent comme un complément à la vie sexuelle partagée.
💬 Alors pourquoi ce malaise persistant ?
Parce que c’est un plaisir silencieux. Une zone d’ombre dans la conversation intime.
Peu abordées dans les familles, rarement représentées dans les médias sans clichés, souvent teintées de gêne voire de honte… Les caresses intimes restent, pour beaucoup, un plaisir qu’on s’autorise sans oser le revendiquer.
Comme si se donner du plaisir à soi-même était suspect. Comme si le désir ne pouvait être « légitime » que tourné vers l’autre.
D’où vient l’idée que se masturber est « sale » ?
👉 Dès l’enfance, beaucoup d’entre nous ont entendu des phrases comme :
- « Tu vas devenir sourd si tu continues »
- « C’est un péché »
- « Tu te fais du mal, tu sais »
Ces messages, parfois déguisés en plaisanteries ou avertissements maladroits, laissent des traces profondes. Ils construisent, au fil du temps, une association entre plaisir solitaire et honte, entre désir personnel et culpabilité morale.
Des siècles de conditionnement religieux et moral
Pendant longtemps, les religions ont été les principales sources d’éducation sexuelle. Et sur ce point, la masturbation n’était pas franchement célébrée.
- Dans le christianisme, elle est assimilée à un acte impur ou égoïste, souvent condamnée comme un péché de luxure.
- Dans l’islam ou le judaïsme, les positions varient selon les courants, mais l’acte reste généralement toléré avec modération, jamais valorisé.
- Même dans des systèmes éducatifs laïcs, les valeurs morales conservatrices ont longtemps véhiculé l’idée que le plaisir devait être cadré, discret, presque « mérité ».
📌 En 1712, le médecin suisse Samuel Tissot publie un traité affirmant que la masturbation provoquerait la cécité, la folie ou encore l’épilepsie. Ce mythe pseudo-scientifique a traversé les siècles et a alimenté des campagnes d’interdiction jusque dans les années 1950.
Une éducation sexuelle absente ou culpabilisante
Même aujourd’hui, rares sont les parcours scolaires où l’on parle de masturbation sans gêne ou jugement. En France, elle n’est quasiment jamais évoquée dans les cours d’éducation sexuelle obligatoires.
Selon un rapport du Haut Conseil à l’Égalité (2023), près de 70 % des jeunes adultes déclarent n’avoir jamais eu de discussion ouverte sur le plaisir sexuel à l’école, et encore moins sur le plaisir solitaire1.
Résultat ? Beaucoup grandissent avec la sensation que la masturbation est une pratique « sale », « malsaine » ou « anormale ».
Et si on vous disait que se masturber est en fait bon pour vous ?
Oui, la masturbation a de véritables bienfaits, tant sur le plan physique, psychologique qu’émotionnel.
Loin d’être « sale » ou inutile, elle fait donc du bien au corps comme à l’esprit. Et ce n’est pas qu’un effet placebo !
Les bienfaits physiques de la masturbation : une mini thérapie pour le corps
- Soulage les tensions musculaires : L’orgasme provoque la libération d’endorphines, ces fameuses hormones du bien-être qui détendent naturellement les muscles.
- Améliore le sommeil : Après l’orgasme, votre corps libère de la prolactine, une hormone associée à la somnolence. D’où cette sensation de calme, voire de fatigue douce.
- Renforce le système immunitaire : Une étude allemande a montré qu’un orgasme peut booster la production de lymphocytes T, ces cellules qui défendent votre corps1.
🧾 Fait intéressant : Chez les femmes, la masturbation aide aussi à réduire les douleurs menstruelles grâce à l’augmentation temporaire du flux sanguin dans le bassin2.
Les bienfaits psychologiques de la masturbation : un miroir pour mieux se comprendre
- Favorise la connaissance de soi : En explorant ce qui vous excite, ce qui vous apaise, ce qui vous touche… vous devenez un·e meilleur·e partenaire pour vous-même (et pour les autres).
- Baisse le stress : L’orgasme réduit les niveaux de cortisol, l’hormone du stress. Il crée une bulle de détente quasi instantanée.
- Renforce l’estime corporelle : Se donner du plaisir sans se juger, c’est une forme d’acceptation de soi très puissante. Cela vous reconnecte à votre corps sans pression extérieure.
Vous masturber ne fait pas de vous une personne « anormale ». Pas plus que de dormir en boule, aimer les fraises ou prendre des bains trop longs. C’est un geste intime, personnel, doux, qui ne fait de mal à personne… sauf à certains vieux dogmes.
Vous avez le droit :
- d’explorer votre corps
- d’en retirer du plaisir
- de le faire seul·e, à votre rythme, sans justification
Ce n’est pas sale. Ce n’est pas un problème. Ce n’est pas réservé à une catégorie de personnes.
C’est vous, qui écoutez ce qui vous fait du bien. Et ça, c’est beau.
💬 Et vous, quel rapport entretenez-vous avec la masturbation ? Est-ce encore un sujet tabou ? Ou une pratique libérée ?
Partagez votre ressenti, votre évolution, vos questions. Parlons-en, sans gêne, avec douceur.
Bibliographie
- Ifop – Les Français·es et la masturbation dans le couple : la fin d’un tabou. Enquête menée par l’Ifop pour Terpan Prévention (2022), analysant les pratiques masturbatoires des Français·es en couple.
- Ifop – Les Français et la masturbation (rapport Charles.co, mai 2020). Rapport complet sur la fréquence, les différences de genre et la perception sociale de la masturbation.
- Haut Conseil à l’Égalité – Rapport relatif à l’éducation à la sexualité (2016). Document de référence soulignant les manques dans l’éducation affective et sexuelle à l’école.
- Komisaruk, B.R. et al. – The Science of Orgasm (2004). Ouvrage scientifique de référence sur les mécanismes neurobiologiques du plaisir solitaire.
- Brody, S. – The relative health benefits of different sexual activities (2006). Étude parue dans le Journal of Sexual Medicine explorant les bienfaits physiques et immunitaires de l’orgasme.